En Franche-Comté, la maison de polyculture est implantée dans des secteurs où l’économie repose sur l'activité de cultures diversifiées, d’origine vivrière, destinées à une famille : céréales, cultures fourragères, élevage bovin à finalité laitière avec sous-production viande.
Malgré une grande diversité, elle présente cependant une constante : la réunion sous le même toit de toutes les fonctions d'habitation et d'exploitation. Celles-ci sont réparties en trois travées lisibles en façade par les portes qui les distribuent.
Remarque : concernant la maison de polyculteur vigneron (ferme-bloc adaptée à l'activité vigneronne par l'ajout d'une cave), se référer à l'onglet LA MAISON VIGNERONNE où un chapitre lui est consacré.
La forme la plus courante de cette typologie est la ferme bloc à trois travées. Elle connaît néanmoins de nombreuses déclinaisons : plusieurs corps de bâtiments, le bâti perpendiculaire à la rue, d'autres éléments et volumes fonctionnels peuvent s'ajouter à la maison (voir les typologies et leurs variantes).
Composition. La maison agricole de Franche-Comté prend la forme d’un rectangle plus ou moins allongé dont le plan se caractérise par l’existence de trois travées transversales aux murs gouttereaux. Elles sont lisibles en façade par leurs ouvertures : portes et fenêtres d'habitation, porte de grange et porte d'écurie (Illustration 1). Le nombre de travées peut varier selon plusieurs paramètres, à la fois économiques, fonctionnels, régionaux, etc.
Illustration 1. Les trois travées visibles en façade
et leur correspondance en plan.
Une autre constante est la division élémentaire de l’habitation en deux pièces en enfilade : « l’outo » qui sert de salle commune, salle de vie et accueil des hôtes, et « le poêle », lui, réservé à la famille, et quelques amis proches (Illustration 2a). La cheminée centrale, c'est-à-dire le lieu où l'on cuisine, permet à la chaleur de se dissiper autant dans l'outo que dans le poêle. Ce dernier est un lieu plus intime, et meublé plus confortablement. On y passera l'hiver, car il n'a pas d'accès direct sur l'extérieur, le passage par l'outo est obligatoire. L'outo devient alors une pièce intermédiaire d'accueil par où peut s'échapper la chaleur, à l'inverse du poêle (Illustration 2b).
Illustration 2a (gauche). L'outo et le poêle, composition en plan de l'habitation.
Illustration 2b (droite). Système de chauffage entre le poêle et l'outo.
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La chaleur passe alors par le mur. Le feu du côté de la cuisinière chauffe la paroi et ainsi le placard, situé derrière le mur. Les portes au sol s'ouvrent pour réguler la température (Illustrations 3a et 3b).
Illustration 3a (gauche). Coupe sur le mur entre l'outo et le poêle.
Illustration 3b (droite). Le placard dans le poêle, ici montré les portes ouvertes pour dissiper la chaleur transmise par le feu.
Il n’y a pas de promiscuité complète avec le bétail. En général, habitation et exploitation sont nettement différenciées.
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Façade. Cette séparation entre exploitation et habitation peut se lire en façade (Illustration 4). Cette particularité va s'affirmer au cours du temps lorsque les moyens économiques grandissent, des travaux sont entrepris pour que la partie habitable tende vers une esthétique bourgeoise : trompe-l'œil, enduit de couleur différente, demi-croupe, etc. Dans d'autres cas, aucune séparation n'est visible.
Illustration 4. Différentes formes de séparation franche en façade entre partie agricole et habitation (exemples pris dans à Annoire, Jura, Août 2012).
Déclinaisons. On observe des déclinaisons du plan type en fonction de territoires géographiques, du relief, des matériaux trouvés sur place ou d’une évolution économique (voir les typologies et leurs variantes).
Evolutions. Il est difficile de dater ces maisons, mais en général elles ne sont pas anciennes, ne remontant pas avant le 18ème siècle, époque où les villages, construits entièrement en bois, n'ont pas laissé de traces de nos jours. Souvent, elles ont été réaménagées et ont fait l’objet d’extensions au cours du temps. En premier lieu, on a souvent agrandi la partie de l'exploitation (ajout d'une travée, d'un appentis, etc.), et plus récemment, par des rénovations, les fonctions agricoles, de moins en moins occupées, ont été investies par l'habitation moderne.
Géographie. La maison de polyculture est l'habitat le plus répandu en Franche-Comté. Dans le Jura, elle s'étend sur tout le territoire, arborant différentes déclinaisons.
Carte de la présence de maisons de polyculture dans le Jura (repérage CAUE39 2012)
Carte des typologies de maisons de polyculture dans le Jura (repérage CAUE39 2012)
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