Paysages
Dissociées dans l’espace, les reculées n’en sont pas moins identifiables par leurs traits communs : ouvertes à l’aval sur la plaine, elles échancrent le premier plateau par des incisions abruptes quelque fois ramifiées en plusieurs bassins secondaires. Les versants partent d’un jet du fond de vallée jusqu’au raccord sommital avec le plateau. La dalle calcaire qui arme la topographie s’ouvre pour former, dans sa tranche, de puissantes corniches. Ces formes ont évolué au fil du temps et plus particulièrement pendant les épisodes froids quaternaires. Elles y ont subi une fragmentation intense sous l’effet du gel qui a libéré d’importants débris, les groises. Les éléments en question se sont accumulés en couches successives pour former une pente raide et régulière qui prolonge vers le bas les corniches verticales. Ce contexte topographique vigoureux a favorisé le jeu naturel de la dynamique végétale. Lorsque l’exposition est bonne, les corniches constituent de véritables pièges à chaleur ; elles déterminent un microclimat particulier qui a permis l’installation et le maintien de formations végétales aux affinités méditerranéennes. Les reculées se complètent d’autres curiosités naturelles comme les grottes, les porches rocheux, les sources ou les belvédères. La renommée de tels sites et encore renforcée par le patrimoine architectural qu’il s’agisse de hauts lieux comme Baume-les-Messieurs ou Château-Chalon ou encore de constructions villageoises plus diffuses.
La reculée de Baume-les-Messieurs
Domblans s'étale devant la reculée, dans la vallée de la Seille, entre cultures et prés. Les versants raides sont tapissés de vignes ou de prés et plus haut la forêt assure le raccord du versant avec le plateau.
Espaces urbanisés
Les contraintes très fortes de la topographie des reculées ont entraîné une urbanisation rurale très linéaire, économe en occupation du sol, au fond des vallées exploitées parcimonieusement. Par contre, au débouché des reculées, ce sont des villes qui s’installent et se développent reliées et délimitées à l’ouest par les grands axes routiers et ferrés qui longent le revermont du sud-ouest au nord-ouest.
Villages-rues ou quartiers de villes au parcellaire très serré et aux voies étroites, où les cintres des portes des granges et des caves rythment les longs alignements de façades, escaliers, trappes métalliques des caves enterrées, murs de pierre, fontaines, partout on retrouve cette particularité d’un tissu bâti d’une densité extrême qui entretient un dialogue très fort avec les hautes falaises et les coteaux pentus qui les domine et qui se sont couverts de végétation au fur et à mesure que disparaissaient vignes et vergers et plus généralement l’activité agricole.
L’urbanisation récente a vu se développer l’habitat individuel qui a progressivement colonisé les versants constructibles et les terres agricoles abandonnées.
Les bâtiments publics offrent une grande diversité d’architectures monumentales significative de l’ensemble du vignoble où la pierre de taille très présente, reflète le savoir-faire des artisans locaux.
En bordure des falaises, les villages qui sont à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau n’ont plus rien de commun si ce n’est l’utilisation des mêmes matériaux comme la lave calcaire sur les toits : on a changé
de paysage et d’activités : ceux du premierplateau comme à Granges-sur-Baume.