Cette typologie se caractérise par une dissociation complète des volumes d’habitation et d’exploitation. Elle illustre l’aisance des agriculteurs à une certaine époque, aisance apparue dès les romains avec une production céréalière riche.
On rencontre ce modèle particulièrement dans le Jura au niveau du Val d’Amour, du Finage et de la Bresse.
La ferme dissociée présente des ouvertures identiques à celle de la ferme à trois travées de volume simple. Les corps de bâtiment se caractérisent alors en façade par leurs ouvertures, que sont la porte de grange, la porte et les fenêtres de l'habitation, la porte et la fenêtre de l'écurie.
Illustration 29.
Dans cette typologie, les baies d'habitation sont généralement plus nombreuses que dans la ferme traditionnelle, et contrairement à cette dernière, le pignon est très souvent percé.
La porte d’entrée à l’habitation est généralement pleine. Elle est peinte ou en bois apparent lorsqu’elle est en bois "noble" (chêne, châtaigner, etc.).
Les fenêtres sont composées de deux vantaux ouvrants à la française, chacun découpés en trois carreaux égaux. Les volets ont été ajoutés au début du 20ème siècle pour clore les ouvertures. Ils sont en bois peint et à persienne. Dans le Jura, les menuiseries sont traditionnellement peintes ; ce sont elles qui amènent les points de couleurs sur les façades.
Illustration 30.
La porte d'écurie est celle qui a les dimensions les plus modestes. Elle peut être simple (environ 0,8 m de large x 1,8 m) ou double à deux battants (environ 1,5 m x 1,8 m). Elle est souvent accompagnée d’une petite fenêtre qui éclaire et ventile l’écurie, c'est le fenestron. Le linteau de cette porte est en pierre de taille ou en bois, droit et peut être partagé avec celui du fenestron : la pierre à jumeau, les linteaux de la porte et de la fenêtre étant soutenus par un seul jambage en pierre. La porte est posée en feuillure sur le mur.
Illustration 31 (photo de gauche). Porte d'écurie et ses fenestrons
Illustration 32 (photo de droite). Pierre à jurmeaux
La porte de grange, percement majeur de la façade (environ 3 m de large pour 3,5 m de haut), est l’élément d’identification de la maison de polyculture. Elle peut être arquée, en anse à panier ou en plein cintre, ou droite. La porte est posée en fond de maçonnerie, laissant apparaître l’épaisseur du mur. La porte la plus courante se décompose en trois éléments : deux battants hauts et une porte d’entrée qui peut être divisée en deux éléments permettant d’ouvrir la partie haute pour aérer.
Il est possible de rencontrer des portes de grange à linteau droit, en pierre ou en bois.
Illustrations 33, 34. Porte de grange en anse de panier, à gauche. Linteau droit en bois, à droite.
On trouve des ouvertures marquant la fonction de stockage du fourrage à l’étage ou dans les combles : il peut s'agir soit d'une porte, soit d'une fenêtre. Dans les régions où le linteau de la grange est droit, il arrive souvent que cette pièce soit également l'assise de la fenêtre ou de la porte au-dessus. Cela s'applique à des linteaux en bois comme en pierre.
Illustration 35. Ouverture à l'étage pour le stockage du fourrage
Il n'est pas rare non plus de trouver des oculus sur les façades. Ils sont ronds, ovales ou rectangulaires, et éclairent les parties agricoles. Le volume d'habitation, peut également en présenter au niveau de l'escalier, ou des combles pour ventiler les greniers.
Illustration 36.