Les typologies de logements construits à proximité des sites industriels apparaissent entre le XIXème et le XXème siècle. Leur création est liée aux bouleversements induits par les révolutions industrielles et les innovations mécaniques. Ces changements concernent principalement la taille des entreprises et l’organisation du travail, l’exode rural et le mode de consommation.
Dans un premiers temps (Première révolution industrielle 1780-1800), les entreprises cherchent une main d’œuvre qualifiée, qu’elles vont parfois recruter à l’étranger, c’est le cas, par exemple, des Polonais de la houillère de Ronchamp (70).
Dans un second temps (Seconde révolution industrielle 1850-1880), le travail est rationalisé et séquencé de manière à ce que les ouvriers n’aient qu’une tâche à réaliser et n’aient pas besoin d’être qualifiés. Ce système cadencé aboutit au travail sur chaine de montage. Les ouvriers sont payés moins cher et la nouvelle organisation du travail permet de produire plus vite. La vitesse est un élément clef des transformations économiques et sociales des pays industrialisés. Elle est permise par des réseaux de transports mécanisés qui acheminent main d’œuvre et produits rapidement à travers l’Europe.
Les murs sont toujours enduits pour protéger la maçonnerie des intempéries, traditionnellement enduits à la chaux. L’enduit à la chaux est passé en trois couches. Un temps de séchage de trois à cinq jours est respecté entre chaque passe. La première couche est le gobetis, c’est un passage grossier qui permet de combler les espaces entre les moellons pour rattraper la planéité du mur. La deuxième couche est le corps de l’enduit. Enfin la dernière couche est la finition, elle permet de donner un aspect esthétique à l’enduit, sa couleur et sa texture. La finition posée sur les immeubles de logements ouvriers n’est pas particulièrement soignée.
L’enduit est en principe coloré à la deuxième et dernière couche par des pigments naturels mélangés à la chaux. La couleur de l’enduit varie en fonction des pigments trouvés dans la localité de la construction. En effet, les pigments à la base de la couleur proviennent de terres ou de pierre spécifique à un type de sol, comme par exemple les ocres du Jura.
Le pigment étant cher, l’enduit des logements ouvriers est souvent laissé de la couleur de la chaux.
L’enduit à la chaux demande un entretien annuel ou biannuel, la façade n’est pas ravalée, on passe seulement un lait de chaux sur les murs. Cette passe est une couche superficielle qui permet de protéger le corps d’enduit des intempéries d’une année sur l’autre.
A partir du XXème siècle, les bâtiments sont enduits au ciment. Ce matériau hydrofuge est passé en une fois et peut ensuite être peint. Il ne doit en principe s’appliquer que sur les maçonneries en béton ou liées au ciment, sous peine de causer aux maçonneries ou à l’enduit des désordres, comme la présence d’humidité, le décollement des enduits.
Les enduits au ciment n’ont pas besoin d’être repris annuellement, mais lorsqu’il faut les refaire il faut ravaler la façade entièrement pour en poser un nouveau.
Les maisons en bandes et les maisons accolées sont bâties avec peu de moyens, la couleur de l’enduit est souvent laissée de la couleur de la chaux. Parfois quand les encadrements de portes et de fenêtres sont enduits, ils peuvent être peints dans une couleur différente.
Les ouvriers ont rapidement personnalisé leur « morceau » de façade en la peignant d’une couleur différente de celle de leurs voisins.
29. Maisons accolées par six personnalisées par la couleur de leur enduit. Torpes (25)
Les enduits des maisons mitoyennes et individuelles ont des traitements souvent plus élaborés : faux-joints en joints creux, faux harpages peints autour des ouvertures et sur les angles de la construction dans des couleurs différentes, enduit lisse et rugueux créant des panneaux décoratifs ou des faux bossages.