La pastorale à galerie se situe principalement sur les plateaux entre 600 et 800 m d’altitude, où l’activité agricole privilégie l’élevage laitier et où les conditions climatiques rudes et l’hiver long obligent à abriter l’essentiel des récoltes et du matériel dans la ferme-bloc.
Les percements des trois travées s’ouvrent sur la façade en gouttereau, précédée d’une galerie abritée en bois, appelée souleret sur laquelle il est fréquent de stocker le bois de chauffage.
Ce modèle se trouve, pour le Jura, dans le secteur des Plateaux en général, entre Nozeroy, Champagnole et Salins-les-Bains et pour le Doubs, entre Levier et Pontarlier.
La conception des fermes à galeries est une réponse à des contraintes climatiques rudes, dans un village. Elle permet, tout en conservant les caractéristiques des fermes pastorales, d’utiliser les abords immédiats et de circuler à l’abri.
Illustrations 83,84.
Bien que construites en maçonnerie, les fermes offrent une façade principale majoritairement en bois. La galerie apparait en premier plan et apporte un relief et du rythme à cette façade, par sa succession de poteaux verticaux et de plateaux horizontaux. La structure en bois crée un jeu d’ombres et de lumière qui transforme l’image compacte des fermes et apporte de la légèreté à leur caractère massif et monolithique.
Au-delà de la protection, l’enduit assure un aspect soigné et uni qui constitue un fonds aux éléments de décoration (encadrement en pierre de taille, inscriptions). Sa finition est plus fine sur la façade principale. Sa coloration étant donnée par les pigments des sables locaux, il constitue une « carte d’identité » des villages.
La palette chromatique des fermes à galerie se décline sur la base de teintes neutres : le gris et le beige des maçonneries et du bois laissé naturel.
Illustrations 85 à 87.
Certains travaux de rénovation ont remplacé les lambris par des plaques de fibrociment posées en diagonale qui apportent un autre module en façade mais restent dans la gamme des gris.
Seule la pierre de Mièges, finement taillée, apporte une couleur spécifique jaune d’or sur le plateau de Nozeroy.
Illustration 88.
Le bardage des pignons exposés à la pluie (au sud-ouest ou à l’ouest) représente une protection supplémentaire et apporte une nuance de gris particulière, bleutée pour la tôle galvanisée ou brillante pour la tôle inox plus récente. Exceptionnellement, un bardage en tuiles écaille apporte une tonalité chaude à la façade.
Illustrations 89 à 93.
L’application de peinture assure la protection des menuiseries contre l’humidité, les insectes et les champignons, et apporte une touche de couleur qui anime les façades.
Les pigments, mélangés à un lait de chaux, sont traditionnellement obtenus localement : précipité de sang-de-bœuf, suie de cheminée (gris variable selon l’essence des bois brulés), sulfate de cuivre (vert émeraude ou bleu).
Illustration 94.