Chalet, loge, grange, fruitière :
des réalités différentes sous un même nom, des réalités similaires sous des noms différents...
La loge signale un usage monofamilial, le chalet (anciennement chalais) un usage de grande montagne (regroupement de troupeaux sous la garde d’un berger), la loge est l'estive des populations de l’intérieur du massif qui ont de petits troupeaux et mettent ou non en commun leur lait, la grange d’été signale un usage de stockage du foin uniquement, et le mot fruitière désigne à la fois l’atelier où se fait le fromage (chalet d’alpage, fruitière de village selon les époques et les lieux) et la forme très ancienne de regroupement des familles qui mettaient en commun leur lait. Il désigne donc souvent le chalet d’alpage, puisque dans les villages, le fruitier se déplaçait dans les maisons et faisait le fromage successivement dans chaque famille, jusqu’à la construction (tardive) des fruitières de village.
Dans sa partie française, le domaine des alpages jurassiens s’étire sur une centaine de kilomètres, de Pontarlier au Nord à Bellegarde-sur-Valserine au Sud. Il court sur trois départements (Doubs, Jura, Ain) et deux régions (Franche-Comté et Rhône-Alpes).
Les alpages se répartissent sur quatre secteurs principaux :
- le Mont de l’Herba,
- le Risoux,
- le Massacre,
- la Haute-Chaîne du Jura
Un petit secteur se distingue, sous forme d’enclave dans le territoire suisse au niveau de Bois d’Amont : les Petits Plats.
Les chalets s’implantent tous au dessus de 1100 m d’altitude, les alpages culminant à 1461 m au Mont d’Or, 1677 m à la Dole, 1720 m au Crêt de la Neige.
Le chalet se situe sur un domaine constitué :
- de pâturages, pelouses d'altitude qui se développent, dans le massif du Jura, sur un sol peu épais.
- de prés-bois qui désignent « des pâturages maigres parsemés d'épicéas au branchage dense. Lors des pluies battantes, les vaches trouvent là un refuge…» (A. Bloc, Monts et Fromages).
Illustration 1. Prés-bois, pâturages
- de murets en pierres sèches de calcaires couronnées d’une rangées de pierres plates dressées. Ils évitent de démonter et replacer les clôtures à chaque saison, et présentent un intérêt écologique. Dans les bois, d’anciens murets témoignent d’une époque où une partie de la forêt était exploitée comme pâturage, pratique aujourd’hui interdite. Ils sont un élément caractéristique du paysage jurassien.
Illustration 2. Murets en pierre sèche
Aux contraintes climatiques, les vents de nord/nord-est et ouest/ouest-sud, le chalet répond généralement par une implantation sur un site offrant une protection naturelle : cirque, lisière de forêt, en dessous des lignes de crête, et présente un faîtage sud-ouest/nord-est, dans le sens des vents dominants, pour traverser l’hiver sans assistance humaine.
Illustration 3.
Les ouvertures des écuries sont généralement au sud-est, sauf pour certains chalets en long qui s’organisent de façon à exploiter la pente de terrain comme protection naturelle du pignon aux vents dominants.
Les portes se retrouvent alors au nord-ouest.
Une permanence d’organisation qui répond à des contraintes de fonctionnement quel que soit le type de chalet :
- du laitier au nord-est pour la conservation du lait,
- de la cave pour l’affinage en angle sud-est (illustration 23),
- d’une cuisine pour la fabrication du fromage dans l’espace résiduel, toujours en relation directe avec l’écurie.
Illustration 22. L'écurie Illustration 23. La cave
Un outil de travail où le confort du berger peut-être réduit à son minimum :
un cube en bois dans les combles en guise de chambre à coucher.
Illustration 24. La chambre dans la grange
Le chalet présente deux typologies dominantes :
Illustration 25. Toiture à 4 pans
Il se compose généralement de 3 travées :
- cave + laitier + habitation ouverte sur la façade nord est
- 2 écuries.
A l’étage, on trouve une chambre dans un cube de bois. Il peut être accompagné
d’un boiton.
Le laitier peut être indépendant, mais toujours en façade nord-est.
Illustration 26. Plan 3 travées
Les travées d’écurie peuvent être perpendiculaires ou parallèles au faîtage.
Illustration 27. Chalet faîtage allongé
L’eau nécessaire à la confection du mortier étant rare du fait d’un terrain calcaire dans lequel elle disparaît immédiatement, la construction de l’habitat d’alpage débutait généralement par la création d’une ossature en bois, la charpente à colonnes, puis la mise en place de la couverture, des chenaux et de la citerne, qui permettaient de constituer une réserve d’eau pour la confection des murs extérieurs en moellons de pierre taillés grossièrement.
Les pièces de la charpente prennent appui au sol sur des pierres (levures) ou des semelles de bois (soy)
Illustration 28. Schémas de construction du chalet d'alpage
Les façades sont ensuite toujours protégées contre l’humidité et les chocs thermiques par un enduit à la chaux grasse, les pierres d’angle, souvent plus massives, étant aussi recouvertes par l’enduit.
Parfois, des façades peuvent être constituées de gros moellons taillés plus régulièrement et posés en lits avec joints grossiers. Dans ce cas, c’est un gobetis* qui permet de combler les joints, laissant une partie de la pierre apparente.
Illustration 29. Charpente à colonnes
Ilustration 30. Façade
Les portes sont traditionnellement confectionnées de lames horizontales issues du petit bois résiduel des charpentes :
- les portes d'écurie sont l'élément majeur des façades de par leurs dimensions. Elles sont à 2 vantaux, posées à l'intérieur d'un encadrement en pierre de taille ou en bois naturel (Illustration 40).
- la porte du boiton, abri des porcs, est de petite taille (Illustration 41).
- la porte de la cuisine est également pleine. Elle a parfois été remplacée par une porte en partie vitrée pour la lumière (Illustration 42 ).
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Illustration 40. Porte d'écurie | Illustration 41. Porte du boiton |
Illustration 42. Porte cuisine |
Les fenêtres sont rectangulaires et de petites dimensions. L'encadrement est en pierre ou en bois. En toiture, elles se limitent à une petite lucarne ouvrant sur la chambre.
Les volets sont un des garants de la bonne hibernation des chalets. Ils sont en bois, pleins, montés sur pentures* sans écharpe.
Les larmiers, destinés à la ventilation de la cave et du laitier, sont étroits et longs, avec des encadrements en pierre de taille ou en bois brut.
Généralement verticaux, ils peuvent être combinés avec des larmiers horizontaux implantés en partie basse, afin de créer un flux d'air frais;
llustration 43. Larmiers
La qualité des paysages d'alpage réside dans le dialogue entre le paysage naturel et l'architecture qui se caractérise par l'ampleur de ses volumes :
A l'horizontalité des lignes de composition du paysage, répond une forte emprise au sol.
A la lisibilité du paysage participent la simplicité et la compacité des formes du bâti.
Au calme et à la douceur des lignes du paysage vient répondre la palette des couleurs : le gris, le gris bleuté et les nuances d'ocre.
La qualité essentielle de ces couleurs semble être la lumière qu'elles dégagent dans un paysage aux couleurs dominantes de vert et de blanc : quel que soit le temps, l'habitat vient ponctuer le paysage de ses points lumineux sans pour autant l'agresser.
Illustration 44.
Les façades présentent une harmonie de couleurs entre les encadrements et les enduits, les sables et les pierres utilisés pour la construction provenant des mêmes carrières.
La couleur dominante se décline dans une gamme d'ocre et de beige.
Illustration 45.
Le bardage
On le trouve sur l'habitat à 2 pans, avec ou sans croupe, sur les pignons sud-ouest exposés aux intempéries.
A l'origine en tavaillons*, il peut être constitué de planches de bois non traité, et prend une patine gris argenté d'aspect mat sous l'effet du soleil et des intempéries.
Illustration 46.
Illustration 47.
La couleur des menuiseries Le bois reste brut et prend une couleur naturelle grise. Il est parfois protégé par de l'huile de lin ou de vidange, et prend alors une teinte brun-noir transparente, plus rarement par une peinture gris clair. |
Illustration 48. |
Les toitures
A l'origine, le matériau était le tavaillon, pièce d'épicéa éclaté. Interdit au XIXe, en toiture, du fait de sa vulnérabilité au feu, il a été progressivement recouvert ou remplacé par de la tôle galvanisée d'une teinte grise qui renvoie les rayons lumineux et devient, sous le soleil, un point de lumière dans le paysage. Dans le temps, l’oxydation de la tôle donne une teinte rouge mat.
Illustrations 49, 50.
Les toitures sont un élément essentiel de survie et de réponse aux contraintes du site :
- l'été, la toiture permet de récupérer l'eau de pluie,
- l'hiver, elle contribue à la bonne hibernation des chalets.
La toiture à faîte allongé, deux pans avec ou sans croupe.
En pignon, le débord est nul à très faible et surles façades longues, il est de l’ordre de 30 cm.
Illustration 31.
La toiture à 4 pans est une « toiture capuchon » destinée à protéger les façades des intempéries : quelle que soit sa pente, elle descend très bas et présente un débord de toiture d’une trentaine de centimètres qui permet de rejeter la neige et la pluie loin des façades.
Les variations de pente ont une incidence sur le comportement de la neige : une forte pente dégage la toiture en faisant glisser la neige au sol, c’est le modèle de la ferme des plateaux ; une pente faible permet au contraire de la conserver et d’enfouir le chalet sous une couche de neige qui le protègera des vents dominants.
Ilustrations 32,33.
Un avant-toit peut se développer le long de la façade principale, quel que soit le type de toiture. L'été, c'est une protection contre les intempéries, et l'hiver contre une dégradation des menuiseries par la neige. Supportés par un poutrage spécifique, ou aménagés en portique de bois brut reposant sur des socles de pierre, leur indépendance à la charpente permet de supposer qu'ils correspondent à un aménagement ultérieur à la construction des chalets.
Illustration 34.
Ils sont un élément primordial dans la vie de l'alpage : ce sont eux qui récupèrent et conduisent l'eau de pluie ou de fonte des neiges du toit vers la citerne, seule source d'eau de l'habitat d'alpage. Les chéneaux d'origine constitués d'un tronc d'épicéa creusé sont devenus rares.
Illustrations 35, 36.
Implantée dans la cuisine, qu'elle soit centrale ou adossée au mur de l'écurie, elle reprend les caractéristiques du tué de la ferme de montagne : un conduit en bois, reposant sur deux traverses, se rétrécissant vers le haut comme une pyramide. En toiture, la souche est protégée par des lames de bois ou de la tôle galvanisée.
Illustrations 37, 38, 39.
Les abords du chalet d’alpage sont une réponse aux contraintes liées à l’isolement, au climat, à la nature du sol et à une nécessaire répartition claire des usages entre les hommes et les troupeaux.
Des espaces clairement délimités :
- Un espace fermé, devant l’habitation,
Celui-ci est soustrait au bétail afin de ménager une entrée propre,
non boueuse.
En terre battue, recouvert d’herbe, ou revêtu de pavés,
il est protégé par un muret en pierre, une clôture en bois
ou des fils barbelés.
Aujourd’hui, un trottoir en béton de faible largeur,
facilite l’entretien aux abords immédiats des écuries.
Parfois relié à la citerne, il permet également de récupérer l’eau
de pluie et de fonte des neiges en période hivernale.
Illustration 4.
Illustrations 5,6.
- Un enclos fermé par des murets en pierre,
à proximité immédiate du chalet, permet d’isoler une vache ou de planter un potager.
Illustrations 7,8.
- Plus éloigné, un autre enclos préserve un terrain de fauche,
pour un ou deux jours de foin.
Illustration 9.
La vie, chemin délimité par des murets, est à l’origine une pratique liée à la vie en autarcie des fermes du Haut-Jura et destinée à protéger les cultures du bétail.
Rare aux abords du chalet d’al-
page, elle serait la marque de l’évolution d’un habitat.
Illustration 10.
Une extension pour les porcs : le boiton
Extension tardive du chalet, il est en général implanté le long de la façade sud-ouest, dans le prolongement du toit, comme protection supplémentaire contre les intempéries. Il peut être entouré d'une enceinte limitée par un muret en pierre, servant de cour aux animaux.
Illustrations 11, 12.
La végétation
Les arbres et arbustes sont rares du fait du climat.
Trois essences principales ont été plantées en réponse à des besoins précis :
- le frêne, à la fois pour son feuillage qui stimule la lactation des vaches, et pour la protection du chalet contre la foudre. Il résiste au froid jusqu'à -17°,
- le sureau, également reconnu pour ses vertus médicinales, qui permet de confectionner des liqueurs, confitures et teintures. Il résiste au froid jusqu'à -29°,
- le sorbier, pour son feuillage utilisable en fourrage.
Un potager est parfois aménagé pour la plantation de légumes qui permettent de diversifier la nourriture quotidienne des bergers : pommes de terre, salades, choux-raves, rhubarbe... Du fait de l'engraissement au purin, la production est bonne.
Illustrations 13, 14.
Des systèmes de récupération de l'eau
L’eau est rare du fait du sous-sol karstique dans lequel elle disparaît. Pour la recueillir et la conserver, l'homme a installé sur le territoire de l’alpage :
- des couverts, citernes couvertes par un toit qui permet de recueillir l'eau de pluie et de fonte des neiges. Ils alimentent les abreuvoirs. Ils peuvent présenter une couverture inversée avec un chéneau central.
Illustrations 15 à 17. Couverts
- des goyas, réserves d'eau créées dans les dolines argileuses. L'eau pénètre dans une fissure, entraîne l'argile qui comble le fond de la doline, la rendant imperméable. Les bergers recouvraient le fond de feuilles qu'ils faisaient piétiner par les vaches de façon à la solidifier. Il est appelé aussi goillot.
Illustration 18. Goya
- La citerne, unique ressource d'eau pour le berger, est une construction en voûte semi-enterrée souvent recouverte d'herbe. Elle est alimentée par l'eau du toit. Bordant certains chalets en long, des « trottoirs » en béton reliés à la citerne permettent de récolter une plus grande quantité d'eau de pluie.
Aujourd'hui, une pompe à main amène directement l'eau à la cuisine. Mais on trouve encore, comme au Petit Cernicolet, des systèmes à balancier : la « betse » pour les seaux en bois ou le « puisard » pour ceux en métal.
Illustrations 19, 20. Citernes
- Le puits, non loin du chalet, est construit comme les citernes mais ouvert dans sa partie émergée et entouré d'un bourrelet de pierres. Une clôture interdit l'accès au bétail.
Illustration 21. Puits
Située à proximité de la ferme permanente, juste quelques centaines de mètres plus haut, cette maison liée à un pâturage modeste accueille la famille pendant l’été.
Construite dès le départ pour cet usage, la loge est reconnaissable : petite, pas de stockage de foin, souvent à ossature bois, même si l’ossature est rarement visible de l’extérieur.
C’est un habitat minimum composé d’une écurie, d’une cuisine avec cheminée et d’une chambre chauffée par un poêle. Les vaches et les hommes ont la plupart du temps une entrée différenciée.
La traite se fait sur place dans l’écurie, le lait est porté chaque jour à la fromagerie organisée en coopérative.
Un bardage en tavaillons vient généralement protéger les pignons de ces constructions couvertes par un toit à 2 pans.
Illustrations 51, 52.
Les loges peuvent aussi désigner d’anciens chalets repris par une famille et être d’une typologie similaire aux chalets du secteur (le cas par exemple des loges au-dessus de la Marténi).
Vers Lajoux, des fermes d’hiver jointes à des fermes d’été sont désignées sous le nom de loges, reconnaissables de par leur typologie : de petits édifices avec levée de granges et des zones de culture épierrées à proximité immédiate. La ferme d’hiver a une plus grande capacité de stockage du foin.
Certaines de ces fermes d’été ont ensuite été utilisées comme alpage par des familles, elles ont alors pris le nom de loges. Il était fréquent que ces fermes d’été soient habitées par quelques membres de la famille une partie de l’hiver, voire tout l’hiver.
Habitée de mai à décembre, elle dispose d’un fenil pour le stockage du fourrage. Elle est liée exclusivement à des remues familiales.
Dans le Massacre et le Risoux, ces fermes se situent à proximité des villages et des fruitières, le lait est alors descendu quotidiennement.
Dans le secteur du Mont d’Or, plus isolées, elles comportent aussi une pièce à fromager.
Illustration 53.
La ferme d’été se caractérise par une grange haute, une allée de grange centrale et une implantation dans un domaine pâturé.
Elle présente des éléments :
- de la ferme avec une typologie sur 3 travées : l'habitation, l'allée de grange et l'écurie surplombée par la grange
- du chalet d'alpage avec une chambre haute cloisonnée de bois à l'étage mais ouverte sur la façade longue, une citerne, une pièce à fromager, une cave et un laitier.
Elle signale un usage de stockage du foin uniquement. Sauf que certains chalets ou loges ont été transformés en granges et ont donc pris cette dénomination...
Illustration 54. Grange d'été à Bois d'Amont
Sur la commune de Bois d’Amont, le nom du lieu-dit « Plan de la Fruitière » et la typologie du bâti laissent à penser que l’on fromageait.
Illustration 55. Fruitière à Bois d'Amont
A l’origine, il était probablement à 4 pans. Une première transformation, la plus importante, ajoute des écuries pour 32 bêtes et crée un étage pour des chambres : le chalet prend alors l’allure d’une ferme à 2 pans avec demi-croupes sur la partie habitation. Puis une dernière travée pour 16 bêtes, conçue comme un boiton, a été construite en continuité des écuries.
Ici, on fromage à nouveau depuis 1999 : en continuité avec la tradition du lieu, des hommes et une quarantaine de vaches laitières viennent de la Suisse toute proche.
Illustration 56. |
Illustration 57. |
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Illustration 58. Evolution du chalet de son état initial à son extension
L’alpage communal de Vesancy dans l’Ain : montaient là les troupeaux modestes de tous les éleveurs du village, soit une vingtaine de laitières. Le gardien des lieux passait fabriquait là-haut beurre et tommes et cultivait un potager.
Illustration 59.
Il comprend :
• cuisine tué + laitier et cave regroupés au nord-ouest.
Au regard des ouvertures, on peut penser que la cave était implantée, à l’origine, dans l’angle sud-est.
• une étable.
A l’étage : traces d’une ancienne chambre contre le tué, accessible par un escalier existant.
Illustration 60.
Dans une combe ouverte au milieu de la forêt, le site comprend 2 éléments :
. Le Grand Chalet
Organisé sur un plan carré, couvert par une toiture à 4 pans, il semble avoir été construit pour deux familles : 2 cheminées, 2 ensembles porte + fenêtre.
Illustration 61.
. La Fromagerie
Elle comportait 3 caves, une pièce à vivre, la fromagerie et une chambre close à l’étage.
Illustration 62.
Le Lételet ou Laitelet
La construction actuelle date de 1730, mais quelques détails intérieurs datent une partie du XVe ou
XVIe siècle au moins. Deux logements accolés de même taille et de même typologie, étables aux extrémités : la symétrie de la bâtisse évoque une frérêche, organisation familiale qui lie deux frères sur un même sol. Four à pain, pièce à fromager, laitier, cave, grange… : cette ferme aujourd’hui isolée dans son alpage a été conçue en 1730 comme une ferme permanente. Au début du siècle, il y avait là un village de trois maisons, dont un café, habité de mai à décembre, entouré de prés de fauche, de pâtures, de champs plantés d’orge et de pommes de terre. Quand il n’y avait plus de foin, entre Noël et Nouvel An, les familles traçaient leur route dans la neige et descendaient avec leur troupeau dans les fermes d’hiver situées à la Chaux-Neuve ou à Petite-Chaux, où elles restaient jusqu’ la fin du mois de mai. Le Lételet a été habité jusqu’en 1984.
Au-dessus de Bois d’Amont, de part et d’autre de la frontière, de petites parcelles délimitées par des
murets de pierres sèches sont ponctuées de loges dont les plus anciennes remontent au début du XVIIIe
siècle. Certaines auraient alors été habitées en permanence et disposaient d’un four à pain et d’une
grange haute pour le fourrage d’hiver.
S’agit-il d’un habitat lié au défrichement ? L’organisation parcellaire en bandes pourrait étayer cette hypothèse. L’ancienne frontière de 1648 est soulignée d’un muret. En échange du passage du Col de la Faucille, stratégique depuis le pays de Gex , la France a négocié la quasi-totalité des alpages en 1862. Depuis, seule une enclave au lieu-dit «Les Petits Plats» est restée française, elle était bornée aux angles par les fruitières.
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