Chalet, loge, grange, fruitière :
des réalités différentes sous un même nom, des réalités similaires sous des noms différents...
La loge signale un usage monofamilial, le chalet (anciennement chalais) un usage de grande montagne (regroupement de troupeaux sous la garde d’un berger), la loge est l'estive des populations de l’intérieur du massif qui ont de petits troupeaux et mettent ou non en commun leur lait, la grange d’été signale un usage de stockage du foin uniquement, et le mot fruitière désigne à la fois l’atelier où se fait le fromage (chalet d’alpage, fruitière de village selon les époques et les lieux) et la forme très ancienne de regroupement des familles qui mettaient en commun leur lait. Il désigne donc souvent le chalet d’alpage, puisque dans les villages, le fruitier se déplaçait dans les maisons et faisait le fromage successivement dans chaque famille, jusqu’à la construction (tardive) des fruitières de village.
Le chalet se situe sur un domaine constitué :
- de pâturages, pelouses d'altitude qui se développent, dans le massif du Jura, sur un sol peu épais.
- de prés-bois qui désignent « des pâturages maigres parsemés d'épicéas au branchage dense. Lors des pluies battantes, les vaches trouvent là un refuge…» (A. Bloc, Monts et Fromages).
Illustration 1. Prés-bois, pâturages
- de murets en pierres sèches de calcaires couronnées d’une rangées de pierres plates dressées. Ils évitent de démonter et replacer les clôtures à chaque saison, et présentent un intérêt écologique. Dans les bois, d’anciens murets témoignent d’une époque où une partie de la forêt était exploitée comme pâturage, pratique aujourd’hui interdite. Ils sont un élément caractéristique du paysage jurassien.
Illustration 2. Murets en pierre sèche
Aux contraintes climatiques, les vents de nord/nord-est et ouest/ouest-sud, le chalet répond généralement par une implantation sur un site offrant une protection naturelle : cirque, lisière de forêt, en dessous des lignes de crête, et présente un faîtage sud-ouest/nord-est, dans le sens des vents dominants, pour traverser l’hiver sans assistance humaine.
Illustration 3.
Les ouvertures des écuries sont généralement au sud-est, sauf pour certains chalets en long qui s’organisent de façon à exploiter la pente de terrain comme protection naturelle du pignon aux vents dominants.
Les portes se retrouvent alors au nord-ouest.