Chalet, loge, grange, fruitière :
des réalités différentes sous un même nom, des réalités similaires sous des noms différents...
La loge signale un usage monofamilial, le chalet (anciennement chalais) un usage de grande montagne (regroupement de troupeaux sous la garde d’un berger), la loge est l'estive des populations de l’intérieur du massif qui ont de petits troupeaux et mettent ou non en commun leur lait, la grange d’été signale un usage de stockage du foin uniquement, et le mot fruitière désigne à la fois l’atelier où se fait le fromage (chalet d’alpage, fruitière de village selon les époques et les lieux) et la forme très ancienne de regroupement des familles qui mettaient en commun leur lait. Il désigne donc souvent le chalet d’alpage, puisque dans les villages, le fruitier se déplaçait dans les maisons et faisait le fromage successivement dans chaque famille, jusqu’à la construction (tardive) des fruitières de village.
Située à proximité de la ferme permanente, juste quelques centaines de mètres plus haut, cette maison liée à un pâturage modeste accueille la famille pendant l’été.
Construite dès le départ pour cet usage, la loge est reconnaissable : petite, pas de stockage de foin, souvent à ossature bois, même si l’ossature est rarement visible de l’extérieur.
C’est un habitat minimum composé d’une écurie, d’une cuisine avec cheminée et d’une chambre chauffée par un poêle. Les vaches et les hommes ont la plupart du temps une entrée différenciée.
La traite se fait sur place dans l’écurie, le lait est porté chaque jour à la fromagerie organisée en coopérative.
Un bardage en tavaillons vient généralement protéger les pignons de ces constructions couvertes par un toit à 2 pans.
Illustrations 51, 52.
Les loges peuvent aussi désigner d’anciens chalets repris par une famille et être d’une typologie similaire aux chalets du secteur (le cas par exemple des loges au-dessus de la Marténi).
Vers Lajoux, des fermes d’hiver jointes à des fermes d’été sont désignées sous le nom de loges, reconnaissables de par leur typologie : de petits édifices avec levée de granges et des zones de culture épierrées à proximité immédiate. La ferme d’hiver a une plus grande capacité de stockage du foin.
Certaines de ces fermes d’été ont ensuite été utilisées comme alpage par des familles, elles ont alors pris le nom de loges. Il était fréquent que ces fermes d’été soient habitées par quelques membres de la famille une partie de l’hiver, voire tout l’hiver.
Habitée de mai à décembre, elle dispose d’un fenil pour le stockage du fourrage. Elle est liée exclusivement à des remues familiales.
Dans le Massacre et le Risoux, ces fermes se situent à proximité des villages et des fruitières, le lait est alors descendu quotidiennement.
Dans le secteur du Mont d’Or, plus isolées, elles comportent aussi une pièce à fromager.
Illustration 53.
La ferme d’été se caractérise par une grange haute, une allée de grange centrale et une implantation dans un domaine pâturé.
Elle présente des éléments :
- de la ferme avec une typologie sur 3 travées : l'habitation, l'allée de grange et l'écurie surplombée par la grange
- du chalet d'alpage avec une chambre haute cloisonnée de bois à l'étage mais ouverte sur la façade longue, une citerne, une pièce à fromager, une cave et un laitier.
Elle signale un usage de stockage du foin uniquement. Sauf que certains chalets ou loges ont été transformés en granges et ont donc pris cette dénomination...
Illustration 54. Grange d'été à Bois d'Amont
Sur la commune de Bois d’Amont, le nom du lieu-dit « Plan de la Fruitière » et la typologie du bâti laissent à penser que l’on fromageait.
Illustration 55. Fruitière à Bois d'Amont