Loin d’être propre au Jura, la technique de construction en pierres sèches se retrouve sur tous les continents. Elle désigne une manière de monter des murs ou des édifices en pierres sans utiliser de liant. Les résistances mécaniques qu’offrent de tels murs, ajoutés à l’extrême sobriété de besoin en matériaux font de ces murs des petits patrimoines bâtis d’une richesse souvent mésestimée. D'un savoir-faire partagé autrefois par tout le monde paysan, leur utilité est devenue de moins en moins évidente face à l’abondance d’énergie et de matériaux qu'a connu le XXème siècle jusqu’à nos jours. Montés pour des usages différents, ces murs adoptent des morphologies variées selon leur emplacement, leur rôle et la nature des roches.*
Probablement des murs les plus emblématiques du Jura, les murets d’enclos du massif jurassien émaillent le paysage au gré des alternances des portions de forêts, des combes pâturées et des prés-bois. Ces murets, tantôt longent les « vies » (les voies de déplacements des bêtes) ou découpent une combe dans sa largeur en délimitant les anciennes propriétés. La douceur des bosselés enherbés du massif haut dialogue avec ces lignes grises qui rythment alors les longues lisières franches ou plus lâches des forêts mixtes des montagnes du Jura. Les agencements des pierres diffèrent selon les savoir-faire et l’abondance du matériau. Ces murs aujourd’hui s’effacent dans leur éboulements ou dans le regain de la végétation.