Loin d’être propre au Jura, la technique de construction en pierres sèches se retrouve sur tous les continents. Elle désigne une manière de monter des murs ou des édifices en pierres sans utiliser de liant. Les résistances mécaniques qu’offrent de tels murs, ajoutés à l’extrême sobriété de besoin en matériaux font de ces murs des petits patrimoines bâtis d’une richesse souvent mésestimée. D'un savoir-faire partagé autrefois par tout le monde paysan, leur utilité est devenue de moins en moins évidente face à l’abondance d’énergie et de matériaux qu'a connu le XXème siècle jusqu’à nos jours. Montés pour des usages différents, ces murs adoptent des morphologies variées selon leur emplacement, leur rôle et la nature des roches.*
L’évolution des paysages est certainement l'un des sujets les plus prégnants de ce dossier.
En effet les techniques d’agencement des pierres sèches, le temps nécessaire pour bâtir mais aussi la transformation des pratiques agricoles a bel et bien renvoyé la technique dans le domaine de quelques initiés et autres passionnés. Mais si la mémoire technique s’est réduite à quelques poches il ne demeure pas moins que les pierres, elles, restent.
Le paysage évolue et le temps a fortement participé au regain des forêts et des bois. Les pressions foncières et agricoles se sont concentrées sur les meilleures terres tandis que d’autres furent l’objet de déprises qui plongèrent des pans entiers de paysage ouvert vers la sylva. Partout l’entretien mécanisé a tiré hors des campagnes de nombreux hommes et femmes qui jadis entretenaient par leur usage chemins et murets.
L’évolution ou l’abandon des pratiques est donc un sujet de paysage comme de mémoire culturelle. Ainsi il n’est pas rare qu’au détour d’un chemin forestier l’on croise ces modestes édifices qui témoignent probablement de la présence de champs dans des temps pas si lointains. Le soutèment de nos routes est aujourd’hui assuré par la technique du béton, plus facile à mettre en place, mais qui nécessite d'acheminer des matériaux sur de longues distances. Un usage de la matière à interroger ? alors que nous finissons d’entrer pleinement dans notre XXIème siècle.