A partir du XVIIIe - XIXe siècle, le développement significatif des sites de production en manufacture nécessite l’emploi et l’accueil d’un nombre croissant d’ouvriers. Ces sites étant implantés à l’écart des bourgs, les exploitants doivent prendre l’initiative de construire sur place des logements pour leurs employés.
Ces constructions répondent au besoin évident de tenir à proximité du lieu de travail les ouvriers, de manière à ce qu’ils soient dans des conditions optimales de production dans une démarche parfois paternaliste (pas de long trajet le soir et le matin pour regagner son domicile, donc pas de retard et moins de fatigue, une présence sur site constante si nécessaire).
Ces logements sont soit des dortoirs intégrés à l’atelier, soit des appartements regroupés dans de petits immeubles.
Les caractéristiques principales de ces logements sont leur regroupement dans des bâtiments indépendants mais toujours sur le site de production, et une composition de plusieurs pièces pouvant accueillir l’ouvrier et sa famille.
Ces logements et leur généralisation constituent une avancée sociale considérable pour l’ouvrier, qui auparavant était logé de manière précaire dans des baraquements ou au sein de l’atelier.
Leur volume est simple et homogène. Ce sont des constructions basses (un ou deux étages ainsi que des combles), relativement longues (10-50m), peu profondes (10-15m), et couvertes d’un toit à deux pans.
Ces immeubles peuvent être appelés longères.
La « barre » se plie parfois pour prendre la forme d’une équerre.
9. Scey sur Saône (70)
Ils regroupent plusieurs logements quasiment identiques, traversants, répétés et mis bout à bout, qui s’organisent perpendiculairement à la façade principale : le mur gouttereau. Cette composition donne un aspect répétitif aux façades. Les murs pignons restent parfois aveugles.
10. Baignes (70)
Les logements se composent d’une cuisine et d’une ou deux chambres en enfilade. Dans les combles sont généralement aménagés des dortoirs. Les logements peuvent bénéficier d’une cave ou d’un cellier.
Le système de distribution de ces immeubles peut être intérieur ou extérieur. Dans ce dernier cas, les logements du premier étage sont alors desservis par une coursive.
Les logements ouvriers sont multipliés et assemblés dans des immeubles. Le principe étant de pouvoir mettre le plus de logements possible par étage, il faut donc trouver des moyens de les desservir. Cette desserte permet d’établir des typologies. Deux solutions ont été développées, desservir par l’extérieur (croquis 1) ou par l’intérieur (croquis 2) et elles sont parfois combinées (croquis 3).
11. Croquis des logements et du mode de desserte.