A partir du XVIIIe - XIXe siècle, le développement significatif des sites de production en manufacture nécessite l’emploi et l’accueil d’un nombre croissant d’ouvriers. Ces sites étant implantés à l’écart des bourgs, les exploitants doivent prendre l’initiative de construire sur place des logements pour leurs employés.
Ces constructions répondent au besoin évident de tenir à proximité du lieu de travail les ouvriers, de manière à ce qu’ils soient dans des conditions optimales de production dans une démarche parfois paternaliste (pas de long trajet le soir et le matin pour regagner son domicile, donc pas de retard et moins de fatigue, une présence sur site constante si nécessaire).
Ces logements sont soit des dortoirs intégrés à l’atelier, soit des appartements regroupés dans de petits immeubles.
Les caractéristiques principales de ces logements sont leur regroupement dans des bâtiments indépendants mais toujours sur le site de production, et une composition de plusieurs pièces pouvant accueillir l’ouvrier et sa famille.
Ces logements et leur généralisation constituent une avancée sociale considérable pour l’ouvrier, qui auparavant était logé de manière précaire dans des baraquements ou au sein de l’atelier.
Jusqu’au XIXème siècle, les enduits à la chaux sont les supports de décor que des moyens financiers limités ne permettent pas de réaliser en pierre. Généralement, les angles de bâtiments ainsi que les encadrements de portes et de fenêtres, qui sont enduits, sont soulignés par une couleur différente ou un lissage de l’enduit, représentant un encadrement simple ou un faux chaînage d’angle. Sur la longueur du mur, de faux joints peuvent également être tracés et engravés.
Ces éléments décoratifs, aujourd’hui souvent perdus, permettaient de donner une régularité à la construction que les matériaux mis en œuvre ne pouvaient pas rendre.
Certains ensembles, pensés par des architectes, ont une composition représentative du statut singulier de ces grands sites. Les volumes sont plus imposants, amplifiés par les dessins de façades, enrichis de modénatures (corniches, ordre colossal, arcatures, colonnes, frontons, etc.). Les compositions sont réglées, symétriques. Les matériaux employés sont nobles et finement travaillés.