L'habitat ouvrier dans le site de production (XVIII-XIXe)

A partir du XVIIIe - XIXe siècle, le développement significatif des sites de production en manufacture nécessite l’emploi et l’accueil d’un nombre croissant d’ouvriers. Ces sites étant implantés à l’écart des bourgs, les exploitants doivent prendre l’initiative de construire sur place des logements pour leurs employés.

Ces constructions répondent au besoin évident de tenir à proximité du lieu de travail les ouvriers, de manière à ce qu’ils soient dans des conditions optimales de production dans une démarche parfois paternaliste (pas de long trajet le soir et le matin pour regagner son domicile, donc pas de retard et moins de fatigue, une présence sur site constante si nécessaire).

 

Ces logements sont soit des dortoirs intégrés à l’atelier, soit des appartements regroupés dans de petits immeubles.

Les caractéristiques principales de ces logements sont leur regroupement dans des bâtiments indépendants mais toujours sur le site de production, et une composition de plusieurs pièces pouvant accueillir l’ouvrier et sa famille.

Ces logements et leur généralisation constituent une avancée sociale considérable pour l’ouvrier, qui auparavant était logé de manière précaire dans des baraquements ou au sein de l’atelier.


DESCRIPTIONS

Systèmes et matériaux de construction

Ces bâtiments sont construits selon des techniques traditionnelles. Les matériaux employés sont locaux. On utilise des pierres issues de carrières proches ou de l’épierrage du site, pour constituer la structure porteuse de l’édifice.

 

Celle-ci est composée de murs porteurs périphériques et de murs de refend. Les murs de refend divisent la longueur de la construction et reprennent le poids des planchers et de la charpente. Les pierres qui composent les murs sont des moellons grossièrement équarris et posés en lits parallèles. Les pierres étant gélives, elles sont liées entre elles par du mortier de chaux puis enduites.

 

Les murs sont enduits à la chaux ; cet enduit protège la maçonnerie des intempéries tout en permettant les échanges thermiques.

 

On réalise un chaînage en pierres de taille ou en moellons bruts aux angles de la construction. Le chainage permet de répartir efficacement les charges aux endroits où la construction est la plus sollicitée.

 

Dans les régions où le sol est argileux et les pierres rares, on réalise des structures à pans de bois. Cette structure est complétée par un remplissage en briques ou en torchis. Le torchis est une préparation à base de terre que l’on humidifie et à laquelle on peut ajouter de la paille. Cette préparation est appliquée sur un tressage de branches souples réalisé entre les éléments bois porteurs. Les structures bois et le torchis sont rarement laissées apparentes : un clayonnage ou un enduit à la chaux peuvent ainsi protéger la structure des intempéries.

 

Dans certains sites remarquables, les murs sont partiellement en pierres de taille. Pour économiser du temps et de l' argent, on réalise un mur composite dont les parois visibles sont en pierres de taille entre lesquelles on monte des moellons.

La pierre de taille est généralement une pierre dure, dégauchie, équarrie, et taillée pour devenir un parallélépipède. Un mur en pierres de taille est donc constitué de blocs de pierre sensiblement de même taille, montés les uns sur les autres en lits parallèles. Les joints verticaux sont généralement réguliers et fins. Les pierres sont liées au mortier de chaux.

Les murs en pierres de taille ne sont généralement pas enduits. Les pierres sont bouchardées et travaillées au ciseau.


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