Dans une région où l'activité vivrière est principalement consacrée à l'élevage bovin, cette maison bloc s'adapte à cette pratique par un volume de grange très important. Contrairement à une ferme pastorale classique, les ouvertures des trois travées (grange, écurie et habitation) se trouvent sur le mur gouttereau. La grange peut avoir une seconde entrée en levée ou en pont de grange.
Ce type de ferme se trouve majoritairement dans l'Unité Paysagère des Grand Vaux, dans le Jura.
La maison pastorale en gouttereau possède une ossature en bois. Ce squelette était le premier à être construit. Il supportait la toiture. Une fois ces deux éléments montés, on pouvait faire le reste de la maison à l'abri des intempéries. La construction totale de la maison durait environ trois ans. Les poteaux supportant la charpente avait des dés de poteaux à leur pied, en pierre de taille, afin qu'ils ne pourrissent pas.
Les murs de façades et les murs de refend sont en moellons, qui sont des pierres grossièrement taillées (l'équarrissage se fait au marteau). Les fermes pastorales ont été construites à une époque où l'on se procurait les matériaux au plus près de chez soi. La plupart du temps, ces pierres sont issues des carrières les plus proches ou de l'épierrage des champs. Elles sont posées en lits successifs et parallèles, et assemblées au mortier de chaux, de manière plus ou moins horizontale, créant ainsi des "joints incertains". La solidité du mur est assurée par les boutisses, qui sont des pierres traversantes. La surface de ce parement est bosselée, irrégulière et poreuse (voir photo ci-contre). Ces murs porteront les planchers.
La pierre est le matériau de construction traditionnel dominant en Franche-Comté. Que ce soit le grès dans le Nord-Est, ou des calcaires de différentes tonalités dans les autres régions, il s'agit toujours d'une pierre poreuse, donc fragile. Il est alors nécessaire de la protéger par un enduit à la chaux des différentes agressions climatiques: pluies, vents, gel, les chocs thermiques etc., tout en permettant les échanges thermiques. Pour respecter l'équilibre hydrique de l'ensemble, l'enduit de façade doit être à base de chaux, qui protège à l'extérieur et permet au mur d'évacuer l'humidité (schéma ci-contre). De plus, il peut être rénové en appliquant un badigeon (lait de chaux).
La structure en moellons ou en briques est reprise aux endroits où les forces sont les plus grandes (angles, contour des baies, linteaux, etc.) par des pierres de taille, structurellement plus solides, et non gélives.
Le bois sert à la construction des planchers et des charpentes.
Très souvent, le pignon sud / sud-ouest est protégé des intempéries et de la bise, par un bardage, anciennement en tavaillons, aujourd'hui plutôt métallique. Cependant, ce mur reste percé, car nécessaire à l'éclairage naturel de la maison (voir l'onglet "Ouvertures"). Ces protections se retrouvent aussi dans les villages sur les bâtiments publics et sur les églises.
Illustration 21 (gauche). Pignon protégé par un bardage en tavaillons
Illustration 22 (droite). Pignon protégé par un bardage métallique