Dans une région où l'activité vivrière est principalement consacrée à l'élevage bovin, cette maison bloc s'adapte à cette pratique par un volume de grange très important. Contrairement à une ferme pastorale classique, les ouvertures des trois travées (grange, écurie et habitation) se trouvent sur le mur gouttereau. La grange peut avoir une seconde entrée en levée ou en pont de grange.
Ce type de ferme se trouve majoritairement dans l'Unité Paysagère des Grand Vaux, dans le Jura.
Au-delà de la protection, l’enduit a également une fonction esthétique, donnant à la façade un aspect soigné et coloré qui met en valeur les éléments en pierre de taille, et une fonction identitaire, sa coloration étant donnée autrefois par les sables issus des carrières les plus proches. Ces couleurs, qui pouvaient donc varier d’un lieu à un autre (voir les différentes teintes ci-après), constituent une des caractéristiques d’une région naturelle, et personnalisent la maison.
Le point sur les enduits à la chaux
Illustration 28. Différents enduits du Jura : La Chaumusse, La Rixouse (2 et 3), Leschères.
Le bâtiment est enduit sur toutes les façades, mais le pignon sud / sud-ouest est souvent protégé d'avantage contre les intempéries du fait de son orientation. Cette protection se fait par un bardage, anciennement en tavaillons, aujourd'hui en métal pour la plupart des cas. Le bardage métallique se trouve soit sous forme de plaques, soit en tavaillons (rare), soit en lames. On peut aussi trouver des bardages en bois ou en ardoises.
Illustration 29 (gauche). Pignon bardé de plaques métalliques, avec fenêtres à auvents individuels
Illustration 30 (droite). Pignon bardé de tavaillons de bois
Illustration 31. Différents bardages de pignons dans le Jura des Grandvaux, taule galavanisée, tuiles, tavaillons.
Pour des économies de moyen, seule la façade sur rue, celle de représentation, pouvait être couverte d’un enduit. Cependant les autres façades disposeront d'un gobetis. Un enduit traditionnel est composé de trois couches: le gobetis, qui est une couche d'accrochage, la plus épaisse, puis le corps d'enduit, qui est un peu moins grossier, enfin la couche de finition. Le gobetis permet alors de protéger la pierre, sans rechercher .
Les parties destinées à supporter des efforts sont réalisées en pierre de taille, qui est non gélive : encadrements d’ouvertures, voûtes et parfois pierres d’angle. Ces éléments sont des signes apparents de la richesse des propriétaires. Cette pierre est choisie, taillée et sciée en carrière. Chaque bloc est prévu pour être monté à un endroit précis, déterminé à l’avance par un dessin appelé « calepin d’appareil ». La pierre de taille est posée à joints vifs, sans mortier. On trouve sur une même pierre un double traitement : un bouchardage fin pour les parties destinées à rester apparentes (environ 20 cm), et grossier pour celles destinées à être couvertes par l’enduit (Illustration 32). Le bouchardage grossier permet à l'enduit de mieux adhérer au moellon. La quantité de pierre de taille sur une façade est un signe apparent de richesse.
Illustration 32. Technique de bouchardage et d'encadrement des baies en pierres de taille.
Les enduits sont tirés à la règle, ils recouvrent toute la façade et présentent une finition de type gratté fin. Tracé droit autour des baies, l'enduit lui fait un encadrement.
Illustration 33. Encadrement de porte en pierre de taille et enduit tiré droit
Les menuiseries sont traditionnellement peintes et constituent la palette d’accompagnement. Leurs couleurs créent l’animation de la rue et donne sa personnalité à la façade. Les pigments sont obtenus à partir des éléments disponibles : sang de bœuf, suie de cheminée, sulfate de cuivre… Seuls les bois nobles des portes d’entrée (châtaignier, chêne…) restent apparents.
Illustration 34. Porte d'écurie peinte couleur sang de bœuf
Les pierres de taille varient d'une région à une autre, et donnent aussi l'identité du village, par leurs parties apparentes mais aussi lorsque les maisons ont ôté leurs enduits.