Loin d’être le fruit du hasard, l’implantation originelle d’un village dans son environnement répond à un certain nombre de « règles » non écrites, issues du bon sens et de la connaissance que les anciens avaient du milieu naturel dans lequel ils s’aventuraient. Les constructions devaient être implantées hors des zones humides mais proches de la ressource en eau, hors des meilleures terres cultivables mais également proches de celles-ci pour une exploitation facilitée, à l’abri des vents dominants, éventuellement en position défensive, etc.
Une lecture attentive du relief, restitué par les courbes de niveau, apporte un éclairage pertinent sur les raisons de tel ou tel type d’implantation, et permet de tirer des enseignements sur la manière de respecter la structure urbaine et paysagère d’un village lors de son extension.
S’implanter au bord de l’eau procure de nombreux avantages. Une telle situation n’est pas le fruit du hasard ; cette organisation est au contraire bien réfléchie.
Le cours d’eau revêt une utilité particulière selon les époques et les activités qui s’y développent. Il est d’abord une ressource permettant de subvenir aux besoins alimentaires (agriculture et pêche) des populations qui s’y installent. Une telle proximité est initialement vitale. Par ailleurs, l’eau était largement utilisée comme force motrice pour le développement d’activités artisanales. Les moulins étaient très répandus entre le XVIIIe et le XIXe, servant à produire huiles, farines ou encore produits de tanneries.
Quingey (25) : Illustr. 11 Vue aérienne |
Illustr. 12 Structure du centre-bourg
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Les morphologies les plus anciennes tirent parti d’une rive ; le cours d’eau constitue une barrière naturelle profitable à la protection du village. De véritables faubourgs peuvent ainsi être constitués, avec une densité importante. Le bâti est regroupé, formant des îlots étroits et continus. L’espace central correspond fréquemment au lieu commun par excellence (place frappée d’un monument, marché, aire de rencontre).
Avec la Révolution industrielle, les cours d’eau vont trouver de nouveaux débouchés. Moteurs du développement économique, les rives deviennent des sites où se polarise l’activité (tirant partie de la force de l’eau ou des transports fluviaux). Les connexions entre les rives sont alors plus aisées, et certaines communes se développent de part et d’autre. Une rupture est toutefois possible d’une rive à l’autre ; le bourg initial se détache ainsi d’un bâti moins dense et plus diversifié, mêlant habitations et bâtiments de production.
L'Isle-sur-le-Doubs (25) : Illustr. 13 Vue aérienne |
Illustr. 14 Equipements industriels
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L’urbanisation n’est pas égale sur chacune des rives. Certains secteurs sont principalement tournés vers l’activité, alors que d’autres concentrent davantage d’habitat. Les structures industrielles sont pour la plupart placées à proximité de la rivière, même si certaines typologies d’habitat peuvent s’y greffer également (jusqu’à intégrer une partie sur pilotis en aplomb du cours d’eau).
Port-Lesney (39) : Illustr. 15 Vue aérienne |
Illustr. 16 Topographie, rivière
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L’eau est vecteur de vie et d’énergie. Toutefois, une implantation à son contact ne présente pas que des avantages. Il existe un risque de crue, rendant certaines zones dangereuses à urbaniser car inondables. Certaines communes ont décentré progressivement leur urbanisation afin de gagner des espaces protégés de ce phénomène.
Chalèze (25) Illustr. 17 & 18 : urbanisation déplacée par rapport à la rivière |