Loin d’être le fruit du hasard, l’implantation originelle d’un village dans son environnement répond à un certain nombre de « règles » non écrites, issues du bon sens et de la connaissance que les anciens avaient du milieu naturel dans lequel ils s’aventuraient. Les constructions devaient être implantées hors des zones humides mais proches de la ressource en eau, hors des meilleures terres cultivables mais également proches de celles-ci pour une exploitation facilitée, à l’abri des vents dominants, éventuellement en position défensive, etc.
Une lecture attentive du relief, restitué par les courbes de niveau, apporte un éclairage pertinent sur les raisons de tel ou tel type d’implantation, et permet de tirer des enseignements sur la manière de respecter la structure urbaine et paysagère d’un village lors de son extension.
Certains villages sont marqués par une double contrainte ; ils sont à la fois concernés par la proximité de l’eau, et au pied d’un relief. Le cours d’eau a dans un premier temps attiré des populations. Par la suite, le besoin d’extension s’est avéré de plus en plus difficile à satisfaire.
Selon le degré de pente et la quantité de surface aisément aménageable, la morphologie est plus ou moins comprimée. Dans un cas extrême, le développement urbain suit un simple linéaire. Les abords directs de la route, de part et d’autre, sont bâtis avec quelques regroupements de constructions supplémentaires quand la distance entre l’eau et le pied du relief le permet.
Illustr. 1&2 Glère, Doubs : topographie et photo de l'implantation des maisons La topographie implique de limiter l'urbanisation sur le coteau et trop proche de l'eau, d'où une morphologie linéaire |
Le potentiel de développement est ici très faible ; le manque d’opportunités (terrains en faible pente) conditionne le village à rester à l’écart dans son territoire. Pour autant, la richesse du cadre paysager est le contrepoids de cette faiblesse. La quiétude et le rapport à la nature pourra maintenir une attractivité relative vers le bourg.
Lorsque la contrainte naturelle est plus faible (pente plus douce ou distance entre le pied de versant et le cours d’eau), la forme urbaine est plus libre.
Le village peut s’établir dans la pente, au prix de voies relativement étroites. Les largeurs aménageables étant faibles, le bâti est réduit et greffé en bord de rue.
Lods (25) : Illustr. 2 Vue cavalière | Lods (25) : Illustr. 3 Photo |
La morphologie tend à suivre progressivement le coteau |
Le paysage urbain offert tire parti de la présence de l'eau comme du relief |
Avec un centre en position haute, le bourg bénéficie d’un ensoleillement important. Le développement sera limité à terme par des pentes trop fortes en haut de coteau. Pour lors, l’extension reste possible. Le regroupement d’habitations est plus vraisemblable que le modèle du village-rue.
Lorsque la proximité de l’eau n’est pas souhaitée, le bâti peut chercher à coller au plus près de la pente. Dans ce cas, les terrains les plus hauts sont aménagés en premier, et le développement n’est à terme plus possible qu’en descendant sur le coteau. Le but recherché est la protection thermique et des vents, voire le retrait par rapport aux circulations les plus importantes.
Beure (25) : Illustr. 4 Topographie | Beure (25) : Illustr. 5 Photo |
Si le centre bourg regroupe la majorité des constructions, le développement s'adapte à la topographie |
Une partie du vieux village occupe intégralement l'espace coincé dans le vallon |
La présence d’un cours d’eau peut être un atout supplémentaire, expliquant par ailleurs le creusement de la topographie. La morphologie est ici plus guidée par l’opportunité que par la contrainte.